Le terme bore-out est le fait de s’ennuyer au travail. Souvent pris à la légère, les conséquences n’en sont pas moins là.
Du burn-out au bore-out : l’épuisement professionnel
On a beaucoup entendu parler du burn-out qui est devenu un terme presque courant. Le burn-out, en français syndrome d’épuisement professionnel, est dû à un stress professionnel chronique lié à une surcharge de travail. La personne se sent dépassée, en échec et n’arrive plus à s’adapter pour répondre aux problématiques de son environnement professionnel. Cela se traduit de différentes façons. Par exemple : fatigue, baisse de l’estime de soi, anxiété, troubles somatiques (ulcère, mal de dos). Côté entreprise, le burn-out augmente l’insatisfaction, diminue l’engagement… Petit à petit, l’implication de la personne diminue et elle envisage de quitter son emploi.
Mais l’épuisement professionnel n’est pas uniquement liée à la surcharge de travail. Il peut aussi apparaître face à l’ennui chronique : c’est le bore-out. Comme précédemment, l’épuisement professionnel s’appuie une insatisfaction professionnelle importante et répétée. L’ennui, le manque de défi, le désintérêt constitue les bases du bore-out.
Les causes du bore-out
Généralement, le bore-out apparaît avec une sous-charge permanente de travail et/ou une impression de ne pas utiliser ses compétences. En effet, le travail est perçu comme une source de reconnaissance et d’épanouissement importante pour beaucoup de personnes. Le salarié qui n’a aucune tâche, aucun objectif (ou si peu) se sent alors inutile socialement.
Concrètement, quand on a quelques dizaines de minutes de vide dans une journée au travail, on peut regarder une petite vidéo sur internet, faire un tour sur nos différents réseaux sociaux. C’est plutôt sympa. Mais imaginons que les “tâches” de la semaine soient réalisées en une journée ou une demi-journée. Qu’allez vous faire du reste de cette semaine ? Boire un café, aller sur internet, voire ranger votre boite mail ou essayer d’anticiper certaines tâches… Même comme ça, la semaine risque de vous paraître bien longue. Et si cette situation se met en place sur du long terme, il y a de quoi “mourir d’ennui”. Voilà c’est le bore-out.
Mise au placard, missions sans valeur ajoutée, manque d’objectifs, voire mauvaise répartition des activités entre les salariés, tous ces éléments développent le type de situation qui conduit au bore-out.
Une situation socialement difficile
Dire que l’on s’ennuie au travail est assez compliqué socialement parlant. En effet, imaginez vous dans la situation décrite précédemment, vous n’avez quasiment rien à faire dans votre semaine. Si vous en parlez dans votre vie privée, peu de gens vont vous plaindre et vous recevrez même des remarques acerbes sur le fait “qu’être payer à rien faire c’est plutôt pas mal”. Si vous en parlez au travail ? à votre responsable ? Oui mais s’il n’a pas de tâche(s) supplémentaire(s) à vous donner, votre poste n’a alors pas lieu d’être et vous risquez de perdre votre emploi.
C’est exactement ce type de crainte qui augmente le stress du salarié dans les situations de bore-out. Cela se traduit alors par une baisse de l’estime de soi, un sentiment d’inutilité, de l’anxiété et tous les troubles somatiques qui vont avec : maux de ventre, de dos …
La peur du chômage accentue cette dynamique. Dire que l’on s’ennuie à son patron c’est risquer d’être renvoyé. Démissionner parce que la situation n’est plus tenable, c’est toujours se retrouver au chômage. Et dans tous les cas comment expliquer en entretien d’embauche le pourquoi de ce départ ? De plus, chercher un emploi nécessite d’avoir un minimum d’estime de soi et de croire en ses compétences. Un salarié en bore-out n’a plus ni l’un ni l’autre, il se sent inutile et a l’impression d’avoir perdu ses compétences à force de ne pas les utiliser.
La situation devient vite un cercle vicieux. Le salarié en bore-out ne peut pas en parler. Il est stressé de savoir qu’il n’a pas assez de travail et il est inquiet que cela se sache. Il essaie donc de paraître occupé en laissant des piles de dossier sur bureau ou en morcelant les tâches pour essayer de les faire durer le plus longtemps possible.
Que peut-on faire ?
Côté management
Il est important de faire des “points” réguliers sur l’activité de vos collaborateurs. En effet, la première chose à faire est ainsi d’optimiser la répartition des missions pour éviter à la fois une surcharge et une sous-charge de travail. Il ne faut pas oublier que chacun travaille à un rythme différent. Pour anticiper et planifier l’activité, il est nécessaire de bien connaître l’activité actuelle.
Autre possibilité si lors de certaines périodes la charge de travail diminue, il est possible d’encourager le salarié concerné à travailler sur un sujet qui lui tient à cœur. Votre collaborateur sera peut-être surpris de la proposition mais il peut en découler un regain de créativité qui permettra d’améliorer l’un de vos process, de développer un nouveau produit … Il est aussi possible de profiter de ce temps pour proposer une formation à votre collaborateur. Cela permettra d’une part d’augmenter ses compétences et d’autre part de le fidéliser.
Côté salarié
Mêmes principes, en planifiant votre activité, vous pouvez estimer votre charge de travail et en parler en avance à votre responsable. De plus, vous pouvez aussi lui proposer de travailler sur un problème que vous avez identifier ou sur une idée que vous avez. Autre possibilité, proposez vous sur un projet en cours ou regarder les formations qui vous intéresse. En bref, dire que vous n’avez rien à faire est compliqué. Par contre, il est plus simple de dire que vous aimeriez travailler sur tel dossier, développer telle idée ou vous améliorer en réalisant une formation.
Reste la situation où rien de cela n’est possible. Dans ce cas, le seul conseil que nous pourrions vous donner est de soigner votre CV et vos profils sur les réseaux sociaux pour chercher du travail ailleurs. Prendre le temps de lister ce que vous avez fait et de déterminer quelle compétences vous avez mis en œuvre. D’une part, vous vous rendrez compte que vous êtes compétent dans plein de domaines. D’autre part, vous construirez votre discours pour vos futurs lettres de motivation et entretiens de recrutement.