Le « bon » stress au travail ?!

par | 5 Juin 2016

On entend parler de “bon” et de “mauvais” stress mais qu’est ce que cela peut bien signifier ? Peut-on définir quand il est positif et quand il devient négatif ? Est-ce que c’est lié à la personne ? à son environnement ? Et bien sûr, que faire de tout ça dans le monde du travail ?

Bon ou mauvais stress ?

Personnellement j’avoue que la formule m’énerve au plus au point. Soyons un peu sérieux, peut-on vraiment considérer le stress comme bon, en tout cas dans le monde professionnel ?!

Vous allez me dire : “Oui, regardes les sportifs, ils savent qu’ils ont besoin d’un minimum de stress pour réussir !”

Admettons, mais n’oublions pas une chose : tout le temps consacré à la récupération ! Après une course ou une compétition, pensez une minute à tous les éléments prévus pour gérer les conséquences :

  • les boissons et la nourriture choisies avec soin,
  • les soins divers et variés,
  • les vêtements adaptés,
  • les temps de repos prévus et la reprise progressive ensuite …

Si l’on transfert l’exemple au monde du travail, un sérieux problème se pose dans la majorité des cas : où est la récupération ? Comment est-elle organisée ?

Le syndrome général d’adaptation

Du point de vue biologique, l’un des pionniers dans les recherches sur le stress s’appelle Hans Selye et a publié en 1956 un ouvrage sur le sujet The stress of live (Le stress de la vie).

Selye définie le stress comme une réponse (physiologique et psychologique) de l’organisme face à une situation qui menace son équilibre (homéostasie). Selye est endocrinologue, il travaille donc sur la réponse hormonale face à cette menace.

Il décrit alors le Syndrome Général d’Adaptation grâce à 3 phases :

  • la phase d’alerte : le corps se “met en ordre de bataille” pour réagir à la menace avec la production d’hormones qui permet l’augmentation du rythme cardiaque, l’augmentation de l’oxygénation du cerveau et des muscles …
  • la phase de résistance / phase d’adaptation : le corps utilise les ressources mobilisés précédemment pour résoudre la situation ;
  • la phase d’épuisement : la menace est trop importante pour être résolue, le stress perdure, le corps s’épuise.

Selye intègre la phase d’épuisement parce qu’il considère que la capacité d’adaptation de l’être humain est limitée et qu’elle est également différente d’une personne à l’autre.

Stress aigu vs stress chronique

Une situation menaçante (objectivement ou subjectivement) entraîne donc une réponse physiologique, hormonale, nous permettant de réagir à la situation. Les recherches en neurosciences expliquent en détail cette réponse. Je me contenterais ici d’évoquer le stress aigu et chronique.

Si le stress est ponctuel, on parle de stress aigu. Nous passons donc par la phase d’alerte et de réaction (nous nous adaptons) puis nous nous reposons pour retrouver l’équilibre initial (l’homéostasie).

Mais si la situation stressante perdure, le stress devient chronique. On considère le stress comme chronique dans deux cas :

  1. Une même situation stressante n’est pas résolue, elle dure et notre corps continue d’y répondre en produisant plus d’hormones. Sauf que notre cerveau et nos muscles ne peuvent pas tourner en “sur régime” en permanence.
  2. Plusieurs situations stressantes se succèdent rapidement. Les phases de repos ne sont alors plus suffisantes pour revenir à l’état d’équilibre dont parle Selye.

Dans les deux cas, on atteint la phase d’épuisement.

NB : Sur ce point, nous vous invitons à consulter une animation issue du site de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), qui traite des mécanisme du stress aigu et chronique au travail.

Le stress au travail

De manière générale, le stress peut être avoir des effets positifs en préparant votre organisme à réagir à une menace. Exemple : si une voiture arrive rapidement quand vous êtes en train de traverser la rue, il est préférable que votre corps se prépare à courir. Le stress ici est aigu et vous avez une période récupération ensuite où votre rythme cardiaque revient à la normale. Pas de problème, tout va bien.

Mais si la situation se répète, si vous risquez de vous faire écraser toutes les semaines ? ou tous les jours ? voire à chaque rue ?

Je vous laisse imaginer la situation de panique et la fatigue engendrée.

Transférons cet exemple dans le monde professionnel… Combien de fois par mois une situation stressante se présente-t-elle ? combien de fois par semaine ? par jour ?

Au travail, si le stress est aigu et ponctuel, il permet de gérer un problème spécifique ou une surcharge de travail momentanée. Mais n’oublions pas que “ponctuel” se définit par “qui n’existe qu’en un nombre restreint de cas”.

Si le stress devient chronique, il devient générateur d’épuisement et à termes de pathologies. Nous l’avons vu le stress est chronique soit parce qu’il dure dans le temps, soit parce qu’il se répète sans temps suffisant de récupération.

Pour moi, c’est là que se pose le problème de parler de “bon stress”. Si le stress peut être bon, à quelle régularité devient-il mauvais ? Par ailleurs, la capacité d’adaptation et de récupération varie d’un individu à l’autre, comment savoir quand une personne va atteindre ses limites ?

Bref, je ne nie pas l’évidence, le stress est inhérent à notre fonctionnement. Mais dans le cadre professionnel, au travail, je pense qu’il faut bannir l’expression “bon stress” ! Parlons de stress aigu, de régularité, d’intensité. Parlons de récupération et d’équilibre entre moment de tension et calme. Mais arrêtons de simplifier et de décontextualiser en parlant de “bon stress”.

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